Le salut de Mérovée

Loin de Méthraton, la planète Mérovée constitue l’enjeu principal de l’étendue Clovis. L’Amiral El Maestro ne s’y est pas trompé. Après avoir enfermé les autres amiraux impériaux qui débattaient sans fin dans la salle de briefing avec la complicité de l’Amiral CD, il avait envoyé par le coeur astropathique Lombardia ordre à l’Asimov de reprendre l’orbite de ce monde capital.

Au sol, le Gouverneur planétaire faisait les cents pas dans son Bunker de commandement. Il avait certes reçu des renforts de la garde impériale qui, placé sous ses ordres donnait du fil à retordre aux Xenos, mais ces derniers tenaient l’orbite et les forces de défenses de Mérovée qui ne pourraient tenir éternellement contre un ennemi pouvant effectuer des frappes et emmener des renforts à loisir. Les forces de défenses orbitales avaient donné tout ce qu’elles avaient, mais étaient maintenant réduites à néant. Les Mérovingiens n’avaient plus ni satellites, ni missiles pour lutter dans les cieux.

Soudain, une ordonnance entra dans la pièce et salua.

Gouverneur, la Station d’observation orbitale J-W signale du mouvement. L’Isaac Asimov est de retour monseigneur!

Le croiseur était bel et bien de retour. Malgré les dégâts qui n’avaient pu être réparés, qui le plafonnait à 75% de ses capacités, chacun de ses membres d’équipage était prêt à faire son devoir. Sauf peu être Régis, du 27ème pont d’artillerie. Faut dire, ça faisait belle lurette qu’il entendait plus rien.

Les forces Xenos, chargées de contrôler l’orbite, étaient composées de deux escadres de deux bâtiments chacune. Deux corvettes légères classées « Iconoclast » et deux frégates lourdes classées « Idolatr ». Les extra-terrestres ne semblaient pas disposés à laisser l’orbite sans combattre.

Mais la mission de l’Asimov était claire et le croiseur n’avait pas l’intention de se défiler. Il fit route droit vers l’ennemi.


« Sauf votre respect Capitaine, je le sent pas ce plan. »
« Pas de problème lieutenant. Si vous n’êtes pas à l’aise, vous pouvez quitter le véhicule, on vous prend au retour. »
« Heu, tout compte fait, je pense que ça va le faire monseigneur »
« Parfait ».

Conformément à son protocole d’engagement classique, le Dictator commença par lancer deux vagues de bombardier. Ces derniers reçurent l’ordre de rester près de leur vaisseau-mère et d’attendre l’ennemi.

L’ennemi ne tarda pas. Incapable de tolérer la présence impériale dans le système, les deux escadrons hostiles fondirent sur le Dictator. Les corvettes lui barrant le T, les frégates chargeant son flanc.

Les premiers tirs ricochèrent sur la proue blindée du vaisseau de ligne…

Mais les tirs extrêmement précis des Xenos finirent par trouver leur chemin et ravagèrent plusieurs des ponts du vaisseaux.


« Pont d’envols A et B, rapport de dégât? »
« Ici Pont d’envol A, nous déplorons une douzaine de morts commandant. Plusieurs catapultes endommagées. »
« … »
« Pont d’envol B? Rapport de dégât? »
« … »
« Pont d’envol B, rapport de dégât tas de feignant de mes deux »!
« Heu…Je crois qu’ils ne répondront pas commandant… »
« Donnez moi un recaf. Comment s’en sortent les bombardiers?

Malheureusement pour l’Asimov, la vague d’appareil Bâbord se retrouva rapidement prise dans les débris provoqués par les dégâts subi par le vaisseaux ainsi que dans les turbulences dues à la chute des boucliers de l’Asimov. Certains équipages de bombardiers étaient percutés par des débris, d’autres voyaient leur appareil s’éteindre brutalement et pour les plus malchanceux, les deux. Impossible d’attaquer dans ses conditions.

La Vague Tribord, épargnée, se jeta bravement sur les corvettes adverses.

Mais nombres d’appareils furent détruits par les tourelles de la cible, la faute à la précision de l’armement Xenos, à des pilotes trop enthousiastes, trop vite formés, ou trop imbibés avec ce nouveau distilla de liquide de refroidissement qui faisait fureur en ce moment.

Les bombardiers rescapés échouèrent d’ailleurs à provoquer le moindre dommage à leur cible, étayant la thèse du distillat.

Constatant l’inefficacité de ses autonomes, le commandant de l’Asimov, maintenant aux manettes d’un croiseur désemparé, exécuta une manœuvre chère aux commandants de croiseurs impériaux. Plaçant son vaisseau pointé sur l’une des corvettes ennemies, il ordonna un lancement de torpille. A bout portant.

La malheureuse corvette ne pu rien faire. Une demi-salve de croiseur restait une demi-salve de croiseur. Mais ce fut le seul succès impérial. Les batteries d’armes bâbord et tribord, ravagées et sous-alimentées, ne parvinrent malgré leurs ordres de visée, à rien d’autre qu’effleurer les boucliers ennemis, ne faisant tomber que celui d’un iconoclast sans parvenir plus loin.

Tel un banc de Paléo-requins, les agiles vaisseaux aliens se placèrent sur les arrières du croiseur blessé.

Les tirs des rayons ennemis fracassèrent une nouvelle fois les cloisons du vénérable bâtiment.


« Finalement, je veux bien descendre chef! »
« Encore un mot et je vous fait fusiller! »
« Mais chef, le peloton d’exécution vient d’être emporté par une explosion… »
« Et bien fusillez-vous vous-même! »

Avalant son recaf d’un coup pour reprendre contenance, et pour éviter qu’il soit renversé en cas de nouveaux dégât, le commandant de l’Asimov ordonna de placer le vaisseau en ordre de réarmement. Il savait que sans les bombardiers, son navire agonisant ne pourrait rien faire.

A peine prêt, ces derniers décolèrent. ll ne restait plus de quoi former qu’une seule vague de deux escadrilles.

Mais cette dernière ne se fit pas prier pour fondre sur la corvette esseulée.


« Vengeance! »

Seulement, il faut croire que les artilleurs des tourelles Xenos avaient bien compris les pattern d’attaque des autonomes impériaux. Si bien que la première escadrille fut entièrement décimée.

Seul un bombardier de la seconde vague parvint en position de tir. Son artilleur, un ex- garçon de ferme de Talarn, formé sur le tas, n’avait qu’une seule chance de faire mouche. Repoussant l’ordinateur de tir, il décide de tout faire à l’instinct.
Et échoua.


« Luke Putain! T’abuse! »

N’attendant aucune pitié et n’en ayant aucune, les frégates Xenos revinrent par tribord déchainer la puissance de leur artillerie.

Comprenant en une fraction de seconde que son bâtiment ne résisterai pas à une salve de plus subie à pleine puissance, le commandant donna l’ordre de lancer l’Alerte Impact. Les cloisons étanches s’abattirent, les personnels se couchèrent dans les coursives, mais sur la tête. Les hommes qui en disposaient mirent leurs combinaisons pressurisées…

Malmené, ses boucliers mis hors d’état, l’Alerte Impact sauva le porte-nef de dégâts qui aurait put l’emporter…

La mort dans l’âme, le commandant profita du vecteur pour sortir son vaisseau de la zone de combat. A 25% de ses capacités face à trois vaisseaux ennemis, il ne servait à rien de poursuivre l’affrontement, for d’un suicide pour l’honneur. Et l’Empereur n’aimait pas qu’on gaspille ses vaisseaux.


« J’avais dit que je le sentais pas… »
« Vous-êtes pas fusillé vous? »
« Non. Mais j’ai sauvé la cafetière. »

C’est dans cet état lamentable que l’Isaac Asimov repris le chemin du secteur Lombardia. Bien trop endommagé pour poursuivre la lutte, il avait néanmoins tenu tête seul à toute une invasion Xenos pendant plusieurs semaines, portant un espoir peut-être vain, mais incarnant la résistance partout où il allait.


« Je vous remets un recaf’? »

Le sort de Mérovée était maintenant entièrement entre les mains des troupes au sol. Ses défenseurs réussiraient-ils contre tout attente à repousser les Xenos?

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