Néo-Agraba. Une nouvelle drogue fait des ravages. On l’appelle « Lessiveuse », « Tempo » « La Drogue du Serpent » ou encore « L’Ombre du Serpent ». Addictive définitivement dès la première prise, elle provoque des troubles hypnotiques chez les consommateurs pouvant les pousser jusqu’à la folie subite. Plus inquiétant, nul ne s’avère capable d’en déterminer la composition exacte, ni les laboratoires sur-équipés des corporations panocéaniennes, ni les éminents spécialistes des prestigieuses universités de Bourak. Quand à la police notoirement corrompue, elle brille par son inefficacité à trouver la source du mal.
Aztechnology, solidement implantée à Néo-Agrabah, souffre de plein fouet des ravages de la drogue. Plusieurs de ses cadres ont été touchés, impactant l’activité de la méga-corporation soit par simple une baisse de productivité, soit pire, par un comportement soudain dénué de toute logique! Excédé de son manque d’emprise sur le phénomène, le board de la société a chargé ses services de renseignements de découvrir qui fournit cette nouvelle came et de remonter la piste jusqu’au(x) site(s) de production.
Mais la méga-corporation n’est pas la seule à s’intéresser de très près à cette affaire. La société civile Haqqislamite est elle aussi touchée. Les addicts se comptant par centaines et les crises de folies ayant atteint des responsables civils et au moins un imam important, les agents du Viel Homme de la Montagne eux-même se sont emparés de l’affaire. Opérant en toute discrétion, ils ont rapidement identifié les principaux réseaux de distribution en s’appuyant sur leurs indicateurs.
Ce soir là, dans l’un des quartiers les plus défavorisé de Néo-Agrabah, où les forces de l’ordre ne s’aventurent plus qu’exceptionnellement et lourdement armée, un fin crachin tombe doucement. Quelques membres des « Purples » battent le pavé malgré la pluie, pour « tenir la rue ».
Bien à l’abri dans la planque du gang, une affaire se traite. L’homme qui leur fournit la « lessiveuse » qu’ils coupent avec du néo-crack ou de la cocaïne selon les clients et qu’ils revendent à travers le métroplexe est venu parler business. Comme toujours, il veut augmenter les doses. Que le produit soit moins coupé, plus largement diffusé.
Juste en face de la planque, un bar d’indépendants. Ces hommes qu’on qualifie de coursier des ombres, de Ronins ou de Punks Cybernétiques à la détente plus que facile, travaillent bien au delà de la légalité pour la pègre, les politiques et même les corporations. Ils se regroupent parfois dans des lieux comme celui-ci, loin de toute juridiction pour boire et mener leurs affaires. Les gangs eux-même s’en tiennent à distance.
C’est le moment que l’équipe d’assaut d’Aztechnology a choisi pour frapper. Les indépendants n’interviendrons pas, à moins qu’on ne débarque directement sur leurs plates bandes, la police a suffisamment été graissée pour laisser le champs libre à l’opération et le gang lui-même n’est pas de taille face aux soldats corporatistes. Les forces Azzies se déploient avec rapidité et précision. Il n’est pas question de rester dans le quartier plus que nécessaire.
« Sniper en position », « Poste Médical avancé en place ».
« Force avancée déployée »
« Parc sécurisé »
Un civil a osé affronter la pluie et le risque de faire une mauvaise rencontre, poussant le vice jusqu’à demander son chemin à la sentinelle des Purples en faction à la porte arrière de la planque. Armée d’un canon scié mais heureusement occupé par son « blaka jango », celle-ci se contente de lui intimer de passer son dit chemin.
« Allez, dégage mec. »
De l’autre côté du quartier, à l’entrée d’une mosquée qui a connu des jours meilleurs, l’Hashashin vient de déployer ses propres troupes. Le rideau peut se lever…
Le civil perdu s’éloigne du gang-banger, qui, trop content de pouvoir fumer en paix ne lui accorde plus aucune attention.
« C’est ça, casse-toi. »
Mais c’est alors que l’homme plonge à travers la fenêtre, abandonnant sa couverture, de toute façon inutile à l’intérieur où un civil n’a rien à faire. Il a une mission et est désormais à pied d’œuvre.
Traversant rapidement la baraque, il bondit dans la pièce où se déroule la discussion et se jette sur le Purple présent qui, plongeant la main dans sa poche pour en tirer son couteau, n’aura jamais l’occasion de l’en ressortir.
« Est-ce que Marcellus Wallace a l’air d’une pute? »
Le fournisseur est un homme encapuchonné avec un étrange robe. Mais il ne posera pas plus de problèmes au Fiday qui le neutralise d’une manchette qui l’expédie à terre.
« Cible KO. Prêt pour extraction. »
Pendant ce temps, alors que le garde s’est retourné à cause des bruits, la Fireteam de Lasiqs escalade rapidement son nouveau poste de tir, prête à accomplir sa mission : dégager le chemin et couvrir la retraite du Fiday. Et ceux-ci commencent bien évidemment par s’occuper du garde…
Ce dernier passe par toutes les couleurs de l’alphabet* sous l’effet des munitions virales mais seul un légiste avec la puissance de traitement d’Aleph serait en mesure de déterminer la cause première du décès…
* parce que ces couleurs là, vous ne les trouverez pas sur une palette chromatique.
« Lasiq 02 pour fireteam, je crois qu’il a son compte. »
Son prisonnier, poids mort sur son épaule, l’empêchant d’emprunter une fenêtre, le fiday décroche par la porte et court se réfugier dans une porte cochère pour reprendre son souffle à l’abri.
Jusque-là couché sur le toit de son bâtiment, le sniper Tequihuah chargé de couvrir l’équipe Azzies se redresse, de manière à voir son homologue lasiq debout sur le mur… et tire !
La fire team ennemie brisée, le garde jaguar pris d’un élan héroïque se lance en avant, face aux lasiqs restants, provoquant une terrible fusillade frontale…
AZZZZZZZTECH !
Mais les tirs des haqqislamites le clouent sur place et seule son armure lourde lui permet d’échapper à la mort. Le voici coincé à découvert sous les tirs ennemis…
Pendant qu’il fait diversion, la fireteam de tlamanis contourne le bouquet de bâtiments, bien décidée à mettre l’ennemi à portée efficace de fusil combi . Mais sur le trajet se trouvent des gangers Purple. Disposer de cette racaille armée de poignards et de battes de baseball ne prend qu’un instant à la fireteam de soldats professionnels équipés de fusils combi.
A peine les gangstas éliminés, les agents corporatistes s’engouffrent sous une arche. Aztech compte sur leur prise en tenaille pour éliminer les lasiqs, prendre le contrôle de l’arrière de la planque et empêcher le fiday de s’échapper avec sa prise. La fusillade s’engage…
Mais les experts du Vieux de la Montagne prévalent encore une fois…
Voici les Corps en mauvaise posture. Si l’Hashashin s’empare du fournisseur et découvre la composition de la drogue, il risque de s’en servir à ses propres fins. En tout cas, c’est ce que ferait Aztechnology et il y a peu de chance que le Veil Homme de la Montagne fasse profiter la corporation de ses découvertes…
Dernier espoir d’empêcher le Fiday de décamper si facilement, le tueur Otomi abandonne son camouflage pour un tir de barrage à travers les fenêtres de la planque, clouant l’assassin à couvert…
Dans le même temps les Purples, qui n’ont pas dit leur dernier mot, se regroupent. Ce fournisseur représente un business non négligeable, pas question de le laisser filer! Les deux boys de l’étage se lancent à sa poursuite, rejoints par la meuf du rez-de-chaussé, tous flingues dehors!
« Vas-y, il est parti par là! »
Se préoccupant plus des azzies en face d’eux que des Gangers encore coincés à l’intérieur, les lasiqs concentrent leur puissance de feu sur le guerrier jaguar, le transperçant de munitions virales…
L’un d’eux descend de son poste pour plonger dans la planque par une fenêtre ouverte et ouvre le feu sur l’Otomi. Le cyber-tueur doit abandonner son tir de suppression pour riposter et finalement se plaquer contre le mur alors que les balles s’écrasent sur le chambranle de la fenêtre, échappant de peu au même destin funeste que le jaguar.
Profitant du répit dans le mur de balles qui l’empêchait de passer, le fiday sort de son abri. Sur son épaule, la cible, dans ses mains, les clefs de la voiture de ce dernier. Il balance son « client » dans le coffre et démarre dans un crissement de pneus sous l’œil vigilant d’un Lasiq de couverture…
Il commence ainsi de se faire la malle, malgré les balles du sniper corpo qui frôlent le véhicule…
Heureusement pour la corporation panocéannienne, le tireur d’élite réussi à se rattraper, et voit rapidement les « fail » être remplacé par des « hit » sur son assistant de visé en réalité augmentée et venir à bout du véhicule et de son occupant malgré une consommation de munition que d’aucuns jugeraient excessive…
Là, les munitions ne sont que le cadet des soucis d’Aztechnology. Il faut avant tout reprendre l’initiative. Le tueur Otomi profite de sa cachette pour passer à nouveau sous le radar de l’hashashin. En face, les hommes du vieux de la montagne n’y peuvent pas grand chose….
Remontant discrètement jusqu’à la porte arrière de la planque, laissée ouverte par le fiday, le cyber-tueur pose une mine dans l’entrée, bien décidé à empêcher le lasiq à l’intérieur de bouger. Comme il l’a prévu, les gangers tentent une sortie par l’avant de la planque et ne le gêneront pas.
Le tequihua, en ayant fini avec la voiture, ne peut résister à cette cible facile qui déboule et ajuste le street-ganger. L’arme de se dernier, un pistolet d’assaut, est capable de faire merveille dans un drive-by. Mais à cette distance, face à un sniper, la cause est entendue…
Arrivant de l’autre côté du quartier, un gamin aux couleurs des Purples n’a pas plus de chance, abattu par un tir haqqislamite.
Alors que les gangers souffrent face à l’équipement lourd des commandos, le Lasiq entré dans la planque décide de s’occuper du tueur otomi, quitte à faire le sacrifice de sa vie pour y parvenir, en bon hashashin. Le tueur tombe, victime du shotgun combiné de son assaillant qui ne profitera pas longtemps de sa victoire…
« Clic »
Mais les pertes sont toujours acceptables pour l’Hashashin pour peu que la mission soit remplie et que l’ennemi ai été éreinté. La dernier lasiq remonte à toute vitesse vers les derniers combattants Aztech avancés…
Il les engage à bout portant au shotgun. Les Azzies, eux-même mal préparés, encaissent, se replient, mais non sans que la chevrotine militaire prélève son tribut…
« Lieutenant! Noooon! »
De son coté, le Lieutenant Haqqislamite jette un prudent coup d’œil et se met en place pour voir arriver les gangers.
« Ok, Kassim, tu vas aller chercher le client, je te couvre. »
« Raclure ! » Tout en reculant, le dernier des Tlamani Aztech lâche un déluge de tirs sur le lasiq qui vient d’hashashiner son lieutenant et abat le tueur…
Pendant ce temps, les derniers Gangers sortent de la planque à leur tour, sous l’œil vigilant du sniper Tequihuah. Ce dernier retient son tir, les criminels se dirigent vers les hashashins et sont plus dangereux pour eux que pour les quelques agents corpo restants…
Les deux membres de gangs tombent nez-à-nez avec le tir de suppression des haqqislamites retranchés dans la cour de la mosquée…
Pour les corpo, les pertes sont d’ors et déjà trop sévères pour continuer l’opération, mais la médic conjure ses camarades de tenir la position encore un moment. Elle jure par tout le panthéon d’être capable d’atteindre le tueur Otomi et de le relever. Malgré l’absence de lieutenant, les azzies décident que le jeu en vaut la chandelle.
Heureusement, pendant qu’ils se réorganisent, les Purples maintiennent la pression sur leurs concurrents. Le premier d’entre eux sort droit dans le tir de suppression, tous flingues dehors, manquant de très peu de toucher avec sa paire de pistolets l’haqqislamite qui lui fait face, malgré la distance et le couvert. Malheureusement pour lui, ses balles, bien qu’ajustées, ne le sont pas autant que le barrage de l’assassin et sa tête explose alors que sa compagne tente sa chance à son tour…
« Fucking Bastard! »
Mais une balle dans la jambe va rapidement mettre la ganger hors combat…
Rampant jusqu’à la voiture criblée d’impacts, « Kasim » n’a pas oublié sa mission…
« ***CENSURE*** de corpo… »
Entrée dans la planque par une fenêtre, dernier recours Azzies, la médic, ou « Tlamah » selon la terminologie en vigueur chez Aztechnology, continue sa progression vers l’Otomi. Si elle le relève, elle peut convaincre ses camarades de reprendre la lutte.
Mais le lieutenant haqqislamite ne l’entend pas de cette oreille. Soucieux de faire payer au commando corporatiste la perte de ses hommes au prix fort, il fonce à son tour vers la planque pour déployer un tir de barrage empêchant le toubib de rejoindre son patient.
La toubib, patriote corporatiste jusqu’au bout, sait qu’elle est le dernier espoir de son camp et tente le tout pour le tout! Elle porte un fusil combi et bénéficie des réputés systèmes de visée panocéaniens après tout. Encore une fois, les balles volent en tout sens, percutant le montant de la fenêtre, l’encadrement de la porte et enfin, l’épaule de l’hashashin qui s’écroule, mis à terre par la douleur…
Kasim ne s’attarde pas sur le sort de son chef. Il est hashashin et sait que c’est là le destin de ceux de son ordre. Il doit accomplir la mission à tout prix et c’est pour cela qu’il traine ce type un peu grassouillet et vêtu d’une ridicule robe rouge dans la boue de ce quartier sordide.
Coté Aztech, la médic est enfin à pied d’œuvre. Mais trop tard. Le tueur Otomi, malgré ses implants cyber, s’est déjà vidé de son sang…
Et c’est ainsi que le fournisseur de la drogue serpent échappa à Aztechnology pour tomber entre les mains de l’Hashashin…
NOOOOON!
Victoire de l’Hashashin!
Le commando Haqqislamite, bien que décimé, a réussi à s’emparer du contact des Purples et va pouvoir s’employer à le faire parler. D’où vient la drogue ? Qu’est-ce qu’elle contient ? Les hommes du Veil Homme de la Montagne viennent de prendre une sacrée option pour le découvrir.
Aztechnology doit se replier et lécher ses plaies. Le groupe d’intervention a subit de lourdes pertes et l’objectif lui a échappé. Mais ce n’est que partie remise, car la corpo n’est pas connu pour abandonner facilement avec un tel enjeu!
Les Purples ont beaucoup souffert de l’attaque de leur planque. Tous leurs gangers présents ont fini au tapis. Mais le gang est vaste et compte de nombreuse ramifications. Même s’il n’a pas les moyens d’une mégacorp ou d’un service de renseignement étatique, ils peuvent compter sur un large vivier de recrues dans les barrens et les favelas de Néo-Agraba et il y a fort à parier qu’ils continueront à hanter le secteur.
Quand aux indés, personne n’ayant eu le front de faire irruption dans leur bar, ils continuent à vaquer à leurs affaires, au chaud, indifférents à la pluie et aux coups de feu. Mais qui sait, un commanditaire anonyme, quelques milliers de crédits qui changent de main et ils pourraient très bien prendre une par plus active aux évènements…